Sur d’anciennes cartes, la péninsule de Samaná est parfois indiquée comme une île. Dans le passé, en effet, un canal se rendait jusqu’au bout de la rive nord de Bahia de Samaná, créant un passage marécageux jusqu’au col de la péninsule. Des pirates empruntaient ce canal pour s’échapper des Espagnols. Des centaines d’années plus tard, cette région marécageuse est devenue la terre fertile que l’on trouve à présent près de la ville de Sánchez.
Toutefois, encore aujourd’hui, Samaná semble coupée du reste de la République dominicaine. Sa culture est un mélange unique de divers groupes ethniques. Les Taïnos, les Ciguayos et d’autres peuples autochtones en ont été les premiers habitants. Seuls leurs artéfacts et leurs grottes demeurent de nos jours.
De 1600 à 1800, les gouvernements d’Espagne, de France et d’Angleterre se sont livré combat pour le contrôle de la péninsule. Cette instabilité a encouragé les pirates, des boucaniers français et anglais, des esclaves et des Autochtones rebelles, à utiliser la région comme centre d’activité. Ce fut deux siècles de barbarie. À un certain moment au début des années 1600, de petits centres urbains anglais et français se sont édifiés, reposant sur la culture de la noix de coco, du café et de la canne à sucre. Le contrôle de la région a ensuite continué de changer de mains à plusieurs reprises.
Pendant la première moitié du XIXe siècle, sous le règne d’Haïti, des milliers d’esclaves américains libérés ont été invités à immigrer sur l’île, et la majorité d’entre eux se sont établis à Samaná.
Ces anciens esclaves appartenaient à l’Église épiscopale méthodiste africaine. Leur église chérie, La Churcha, se dresse encore aujourd’hui en souvenir de cette ère. Les nouveaux immigrants ont également apporté à la péninsule leur culture et leur gastronomie distinctives. Le poisson servi dans une sauce à la noix de coco, un met toujours populaire aujourd’hui, et les johnnycakes ne sont que deux exemples de leur apport à la gastronomie locale. Par ailleurs, on peut découvrir leurs danses, comme la bamboula et l’olí-olí, dans le cadre des festivals de Samaná.
Puis, dans les années 1980, la région s’est ouverte au tourisme international. Des retraités anglais, français, canadiens-français, allemands et italiens y ont acheté des propriétés, ajoutant ainsi encore plus de richesse culturelle à cette région si diversifiée. D’ailleurs, plusieurs des propriétaires de restaurants, des chefs et des cuisiniers de l’endroit viennent de l’étranger. De fait, à Los Terrenas, on peut facilement trouver le croissant parfait, un véritable pain de seigle allemand, des pâtes bien fraîches ou un bon thé anglais tout chaud.